mercredi 5 octobre 2011

Où l'on rencontre Paul, sourd profond et élève de 5ème


Semaine 5, jour 3 au collège NH entre ciel et mer

C’est l’histoire de Paul. Je l’appelle Paul, mais j’aurais pu tout aussi bien le rebaptiser Pierre ou Jacques. C’est donc l’histoire de Paul. Paul est sourd profond depuis sa naissance et est actuellement scolarisé en classe de cinquième dans un cadre “traditionnel”, comprenez Etablissement public, avec des élèves “traditionnels”, comprenez Qui entendent parfaitement. Si Paul est dans une classe “normale”, c’est qu’on lui a promis qu’il serait épaulé dès la rentrée par une Assistante de Vie Scolaire (AVSi) qui l’accompagnerait dans chaque classe, à chaque cour, pour traduire les propos des professeurs et de ses camarades.

A la rentrée, Paul et ses parents ont appris que l’AVSi promise avait renoncé à prendre son poste. Avec l’accord de sa maman, et parce qu’il était sans doute impossible de faire autrement, Paul a donc effectué sa rentrée dans les mêmes conditions qu’un élève ne souffrant pas de problèmes auditifs. Précisons que Paul parvient, via un implant, à entendre et à décoder quelques sons, qu’il n’a pas un excellent niveau en lecture labiale et que chaque heure de cour lui impose de fournir des efforts d’attention considérables, auxquels s’ajoutent des heures de prise en charge par des spécialistes (orthophoniste, professeur en langage des signes, psychologue) et du soutien scolaire pour combler ses lacunes. Et des lacunes, il y en a. Car la première langue de Paul, qu’il maîtrise encore mal, c’est la langue des signes. Alors imaginez lui apprendre le français... Non, en fait, on imagine mal et il faut écouter les spécialistes raconter le processus cognitif qui permet à Paul de se saisir du français pour comprendre que pour lui, lire un livre, un énoncé ou la consigne d’un exercice, revient, pour nous, à lire ce même livre dans sa traduction chinoise.

Il y a bien dans sa classe deux élèves qui communiquent avec lui par le biais de la dactylologie qui, rappelons-le, permet de représenter chaque lettre de l’alphabet par une position des doigts de la main. Pour Paul, c’est une porte d’entrée vers la communication, mais pour vous représenter la contrainte, c’est un peu comme si nous nous parlions en décomposant chaque mot, lettre après lettre.

Tous ces efforts laissent Paul dans un état de fatigue évident, lequel appuie violemment sur une souffrance psychologique qu’il a de plus en plus de mal à taire. Ses professeurs, son entourage familial, comme son psychologue peuvent en témoigner quotidiennement.

Lors de la réunion qui s’est tenue hier soir pour faire le bilan de ce premier mois de classe, chacun comprenait que l’échec était au bout du chemin, et que le chemin finissait bientôt. La solution résidait alors dans le placement de Paul dans un institut spécialisé, en internat, car loin, très loin de chez sa maman, laquelle est abattue par l’idée de ne plus voir son gamin que les week-ends.

Mon premier réflexe a été de maudire l’AVSi qui a planté Paul en début d’année. Puis, j’ai remarqué que les spécialistes assis à la table de la réunion parlaient d’elle avec beaucoup de mansuétude, de compréhension. Ensuite quelques mots-clés me sont parvenus, et j’ai compris. Contrat précaire... salaire de misère... Je me suis renseigné ; je n’ai qu’une source et je n’ai pas envie d’aller plus loin. De peur du dégoût.  Une AVSi en langage des signes qui suit un élève pendant près de 30 heures par semaine est considérée comme travailleuse à temps partiel. Son contrat est extrêmement précaire et son salaire ne dépasse pas les 900€ par mois (j’espère que c’est du net). Si on lui propose mieux ailleurs, et ce n’est pas dur, et même si elle plante un gosse, elle y va. Comment lui en vouloir ? Par les temps qui courent, on survit.

Et Paul ? Alors que la réunion touchait à sa fin et qu’une synthèse des débats allait être communiquée à la maman, on a frappé à la porte. C’était la responsable de l’accueil qui venait remettre un papier urgent au coordinateur du “Dossier Paul”. Une AVSi venait d’être trouvée et avait donné son accord pour accompagner Paul.

Pour combien de temps ?

jeudi 29 septembre 2011

Où je mesure pleinement ma tâche

Semaine 4, jour 4 au collège NH entre terre et mer

Lecture du journal pour veille infos locales / Bulletinage de quatre nouveaux périodiques / dépannage informatique d’élèves / admonestation d’élèves surfant sur sites prohibés / Discussion téléphonique avec ma tutrice / rangement des périodiques laissés en piles par mon prédécesseur dans les boîtes d’archives / discussion décevante au sujet d’une collaboration dans le cadre de l’accompagnement éducatif avec collègue d’histoire-géo / Discussion de préparation à la visite du CDI par les Sixième SEGPA / projet de collaboration en Arts plastiques, séquence à inventer autour de l’image / Tentative d’accompagnement momentané sur sujet flou : “Créer une banque de mot autour du XIXè siècle” (super tordu) / Créer un tableau vierge à afficher sur la porte pour avertir des réservations du CDI / Discussion avec des élèves de troisième autour de la notion bicéphale de comportement : exemple et crédibilité à donner aux plus jeunes quand eux se permettent de jouer au CDI / Mettre à jour les emprunts sur la base BCDI et s’apercevoir que le bordel est encore pire que ce que je craignais / Expliquer, encore et toujours, aux élèves que non une fois leurs recherches terminées, ils ne jouent pas sur Internet...


Pas de doute, je suis bien devenu professeur documentaliste en collège.

mercredi 28 septembre 2011

Où la pédagogie me manque, mais où elle pointe son nez


Semaine 4, jour 3 au collège NH dans un coin de la galaxie

Deux constatations.
D’abord la pédagogie de manque.
J’ai fait beaucoup de choses aujourd’hui (les autres jours aussi, mais c’est juste pour introduire les faits), depuis la préparation d’une séquence en Français sur les “récits d’enfance et d’adolescence” à destination des élèves de troisièmes, jusqu’à la finalisation de ma liste des livres à acheter, en passant par de micro interventions auprès des élèves (monsieur mon sac est coincé, monsieur c’est quoi mon mot de passe, ta date de naissance, c’est quoi ma date de naissance, monsieur je peux imprimer). Je n’ai pas vu le temps passer. Mais ce que je retiens, c’est cette intervention auprès d’une élève de sixième en carafe quant à une recherche sur Iannis Xenakis ; date de naissance, de mort, deux oeuvres majeures. Lui apprendre un parcours balisé, depuis l’ouverture d’un moteur de recherche (non, je te jure il n’y a pas que Google) jusqu’à la citation des sources en bas de page, via un utile recoupement des informations entre Wikipédia et le site officiel du compositeur, a été un vrai beau moment. Qu’a-t-elle retenu ? Impossible de répondre sans évaluation. Et pourquoi elle ? D’autres avaient besoin de moi, je le constate chaque jour. Intervenir auprès d’un élève, puis auprès d’un autre ? Pourquoi ne pas envisager un cours commun. C’est une idée de séquence pédagogique ; certes, il faut l’améliorer, mais l’idée reste la même. Mais à quelle place dans l’emploi du temps ? Accompagnement personnalisé ? Et Dieu, dans tout ça ?

Ensuite, l’évident manque de formation.
Elève malvoyante, C. est du genre à se coller le nez à l’écran pour lire un texte. Elle est venue me chercher parce qu’elle ne trouvait pas Open Office, que je lui ai démarré en configurant le texte avec une police de caractère XXL. Elève en SEGPA, elle est très suivie : en classe par des professeurs disciplinaires spécialisés, hors classe par une Assistante Vie Scolaire pour du soutien. Ce qui me choque un peu, c’est qu’au CDI, on la laisse tomber. Plus de prof spécialisé, plus d’AVS. Je n’ai aucune formation pour m’occuper correctement de cette môme. Certes, n’étant trop manchot avec un PC, je sais comment lui faciliter le travail, mais j’ai pu constater combien il était difficile de gérer un cas comme le sien (allez lui dire de prendre un dico, de saisir une adresse Web, etc.) tout en m’occupant des autres élèves et du CDI dans son ensemble. Alors de deux choses l’une : ou l’on considère le CDI comme un “sous-lieu” éducatif (possible), ou l’on me fait toute confiance dans la prise en charge de ces mômes (possible aussi, d’autant que ça arrange bien). Ma récompense : elle a terminé juste à temps, impression comprise, d’écrire ces quelques malheureuses lignes. Et elle était très contente.
Mais moi, non. Enfin, pas complètement.

J’ai relancé Mme la Principale dans le but d’intervenir auprès des élèves dans le cadre de l’accompagnement, non plus personnalisé mais éducatif. Différence majeure, ce dernier est sur la base du volontariat des élèves. Un créneau semble se libérer avec une collègue d’histoire-géo qui veut mettre l’accent sur la méthodologie. Et ça me va très bien. Si on arrive à mettre en commun nos compétences et faire en sorte que les gamins apprennent à apprendre, apprennent à rechercher et apprennent à restituer, on n’aura pas fait ça pour rien.

vendredi 23 septembre 2011

Où l'on questionne ses besoins de connaissances


Semaine 3 jour 4 au collège NH sur une particule dans l'univers

Je me pose la question de savoir si ce n’est pas complètement ringard de dire aux élèves d’aller d’abord rechercher des informations basiques dans un dictionnaire. L’air affligé de cet élève (charmant, par ailleurs) quand je lui ai appris que très certainement il y trouverait la date de naissance de Diderot, sa date de mort, son prénom tant qu’on y est et pour le même prix ses principales oeuvres, m’a fait douter du bien fondé de cette démarche. Lui, comme par habitude, voire réflexe pavlovien, s’empressait d’allumer un ordinateur pour, j’imagine, entrer mollement l’adresse de Google, puis saisir Diderot dans le moteur de recherche, lequel aurait immanquablement pointé vers Wikipédia ; binôme de recherche documentaire systématique et contre lequel il est dur de lutter. Un peu de réflexion s’impose pour tenter, non de comprendre, en tout cas d’y voir clair.



Ces mômes sont nés avec Internet. Nous, les vieux schnoks, quand Internet (ou un bidule dans le genre) était réservé aux films et romans de science-fiction, notre arme de poing pour lutter contre l’inculture, c’était le Larousse ou le Petit Robert. Mais c’est vieux tout ça. Même moi, je le confesse, pour trouver la définition d’un terme ou vérifier l’orthographe d’un autre, j’utilise un dictionnaire en ligne. Et oui, je l’admets, pour obtenir des infos, j’utilise aussi Wikipédia.


Alors leur dire à eux d’ouvrir un dico, une encyclopédie... Surtout quand cette dernière ressemble à celle de mémé Germaine, pas mal usée, un peu moisie et coincée dans une vieille bibliothèque entre l’intégrale (jamais lue) des Rougon-Macquart éditée par Reader’s Digest et les meilleures ventes 1982-1989 de France Loisirs... C’est un peu vain.


Oui, moi aussi je consulte des supports de connaissance numériques.
Sauf que.
Dans un cas comme dans l’autre, l’outil n’est pas grand chose au regard de la démarche d’acquisition des connaissances. Qu’il s’agisse d’un dictionnaire papier, lourd et intimidant, ou d’une encyclopédie en ligne, sujette à controverses, je m’aperçois, avec mes collégiens, que les préalables à toute recherche n’existent pas. D’accord, je ne parle pas d’une recherche basique, comme la date de naissance de Diderot, qui ne nécessite pas un cheminement cognitif particulièrement poussé (quoique pour certains...). Je parle d’une quête un peu plus épicée comme on en trouve en Sciences de la Vie et de la Terre, par exemple : tectonique des plaques, transmission des messages nerveux, l’information génétique, etc., ou dans la simple recherche des résultats des matchs de la coupe du monde rugby, support actuel de nombreux cours de maths. Dans de tels cas, la lutte à mener se situe en amont, dans l’acquisition d’une démarche cognitive qui, d’abord, questionnerait le besoin de connaissances, puis permettrait la naissance d’une problématique. OK, c’est des gros mots tout ça. En tout cas, la lutte ne se situe pas dans l’outil.
Alors non, je ne trouve pas ça ringard, juste un peu has been.
Légèrement inadéquate.
Et surtout en complet décalage avec la réalité des manques et des faiblesses.

mardi 20 septembre 2011

Où je suis tout terrain par la force des choses


semaine 3, jour 2 au collège NH, quelque part dans la galaxie


Les travaux en cours prennent une meilleure tournure. J’ai débarassé le bureau des “choses” (impossible de donner un nom commun à tout ce bazar qui croupissait dans des cartons) qui m’encombraient, me brouillaient la vue, faisaient personnel de transition. Autres chantiers en voie d’achèvement : les abonnements et la mise à jour de BCDI. Pour le premier, j’ai trouvé (sonnez hautbois, résonnez trompettes) la liste des abonnements en cours ! Quant au second, j’ai fini par avoir le technicien (super sympa, d’ailleurs) qui a pris en charge mon cas, pourtant pas désespéré mais il était trop occupé pour me coacher en live par téléphone. Et entre nous ça m’arrange qu’il fasse la bascule du fichier XML (OK, c’est du chinois, je ne vais pas plus loin).

Comme l’an dernier, au lycée, j’ai un logiciel qui permet de surveiller depuis mon poste les écrans des élèves connectés au Web. Comme l’an dernier, je constate que leurs “recherches”, si elles commencent par le bon bout, dévient souvent vers des domaines plus personnels. La nature de ces “recherches” me fait sourire. Quand l’an dernier, certain(e)s passaient du temps sur les sites de fringues, j’ai des élèves de sixième qui, cette année, squattent les sites de ventes en ligne à la page des... Lego.

Un documentaliste en collège, c'est le 4x4 des professeurs. Monsieur, vous pouvez m'aider en géométrie, Monsieur comment on dit mercredi en anglais, Monsieur c'est quoi une métaphore, Monsieur comment je sais quand il est né Charles Perrault, etc.

lundi 19 septembre 2011

Où se pose la question de la forme par rapport au fond


Semaine 3, jour 1 au collège NH dans un coin de l'univers

Pour la première fois, j’ai pu prendre une demi classe pendant près d’une heure pour présenter le CDI, ses possibilités, ses interdictions, son fonctionnement, ses règles de vie, etc. Et les vingt minutes qui ont manqué aux autres classes m’ont permis de constater à quel point il est indispensable d’envisager ce type d’intervention sous l’angle ludique. Quand les autres classes repartaient avec des notions plus ou moins précises et plus ou moins enregistrées, cette classe s’est amusée à un jeu qui consistait à remplir un texte à trous, lequel récapitulait les grandes lignes de la vie au CDI. D’abord timides, les élèves se sont transformés petit à petit. A la fin, c’était “Question pour un champion”. Je remets ça jeudi avec la dernière classe de 6ème, et dans les mêmes conditions. Mais je me pose une question : que retiennent-ils ? La poilade ou les informations communiquées ?



Je poursuis la liste des achats de nouveaux livres et il me tarde de prendre deux heures en librairie pour peaufiner mes choix. Car, je dois le confesser, je suis une bille en BD et en manga. Cela tombe bien, la librairie où je compte me rendre s’en est fait une spécialité.



La gestion des abonnements est un gros chantier ; il me paraît inévitable de devoir fouiller à nouveau dans les archives de mon prédécesseur. Autre chantier qui commence à me fatiguer, la gestion de BCDI. J’ai trifouillé dans cette usine gaz et je suis dans l’obligation d’en appeler à l’aide d’un spécialiste, qui ne répond pas au téléphone.

Un mot sur les rencontres avec les parents qui se sont déroulées samedi dernier. Autant j’ai apprécié présenter les quatre grands axes du CDI (qui me serviront à terme à établir un projet de politique documentaire), autant j’ai moins aimé broder sur la supposée place qu’auront mes cours de recherche documentaire dans le cadre des heures d’accompagnement personnalisé. Il y a dans l’établissement, je le crois sincèrement, une réelle volonté d’injecter des notions de culture de l’information dans l’esprit des élèves. Mais ces connaissances, ces compétences et ces savoir-faire seront-ils compatibles avec les emplois du temps et les contraintes transdisciplinaires ou au contraire seront-ils solubles dans les cours de mes collègues ? L’objectif est d’entamer ces interventions à la rentrée des vacances de la Toussaint.

Mon idée du week-end se précise : je vais tenter d’imposer un rendez-vous hebdomadaire au CDI autour de la lecture, sans doute le jeudi de 13h à 14h. L’idée, au départ tout du moins, est de lire des nouvelles, des contes, de courtes histoires (pas plus de 15 minutes) à des élèves qui viendront spontanément, par curiosité puis par habitude et, en cas de succès, sur inscription, écouter le Monsieur du CDI lire des histoires. La fin de l’heure pourrait être consacrée à des échanges autour de l’histoire lue. Outre les nombreux aspects pédagogiques et culturels que cela implique, le simple fait de bloquer le CDI un midi autrement que pour faire garderie me convient parfaitement.

lundi 12 septembre 2011

Où je préfère de loin la scène aux coulisses

Dans un CDI, la dimension relationnelle est primordiale. Accueillir les publics est une composante essentielle du métier. Et chacun croit qu'il est unique, que son problème est unique, que sa question est unique. Alors réponse unique, et faire croire à l'autre qu'effectivement il est unique. Et puis, il y a les interventions auprès des élèves, comme ces élèves de sixième que j'ai accueillis ce midi pour leur faire un topo sur le CDI et ses règles de vie. Avec eux aussi, avec eux surtout, soigner l'accueil, surtout la première fois, sinon bye bye, on reviendra quand le monsieur du CDI sera parti, ou alors sous la menace. Cette dimension relationnelle est l'une des clés de voûte de ce métier de documentaliste, et c'est clairement passionnant. C'est le côté scène. La lumière.


Puis, il y a tout ce que les usagers ne voient pas, ce que l'on met en attente le temps d'une rencontre, ces phrases que l'on coupe sans égard à l'écran laissant les syllabes meubler la conversation numérique, ces questionnements et cogitations internes dont les réponses sont parfois suspendues à l'arrivée d'un usager, ces multiples tâches en arrière-plan de la journée. En vrac, des exemples : comprendre quand s'est interrompu l'abonnement à BCDI, retrouver à quand remonte le dernier envoi des MémoNotices du CRDP, interroger les tiroirs des archives à la recherche de manuels de Géographie et d'Histoire à prêter à un autre établissement, s'apercevoir des erreurs de catalogage dans la base des romans et des documentaires et les corriger, etc. C'est le côté backstage. L'ombre.


Je m'en passerais volontiers, mais il est inhérent au métier. Le souci réside dans son caractère chronophage. Et du temps, finalement, dans une journée, il y en a peu quand on est occupé sur scène.


Sans transition, quoique. J'ai appris que je disposais d'un joli budget pour acheter des livres, pour renouveler les abonnements voire en lancer de nouveaux. Je dois coucher une liste de bouquins dans les prochains jours, je dois aussi me déplacer non pas chez un mais chez trois libraires pour faire établir trois devis. Je croyais pourtant que le prix du livre était unique... Mais il y a la LOLF, la Loi Organique relative aux Lois de Finances, qui impose notamment aux établissements de prouver qu'ils ont fait jouer la concurrence, sans les obliger pour autant à choisir le devis au moindre coût. Peu importe ce blabla bureaucratique, je n'ai pas le temps d'aller courir trois librairies. Donc, le temps, toujours le temps, l’atrabilaire partenaire de nos projets, ce temps rare et précieux, soluble dans la lumière comme dans l'ombre, le temps ennemi, le temps ami, le temps nous manque pour vivre une vie de documentaliste.


J'ai un rhume.

jeudi 8 septembre 2011

Où les choses se débloquent néanmoins

Semaine 1, jour 4 au collège NH, quelque part sur Terre.


Je commence à voir le jour dans tout ce capharnaüm. Prenez cette déclaration au premier degré ; j’ai découvert l’utilité de la minuscule clé qui accompagne les sésames principaux : elle sert à allumer le plafonnier qui plongeait une moitié du CDI dans l’obscurité. Cet éclairage nouveau a mis en évidence (c’était pas la peine, je vous assure) l’incroyable caractère suranné du fonds documentaire. Lequel fait l’objet de longues discussions avec mes collègues de Lettres dont l’appétit de nouveautés donne envie d’aller braquer la Gestionnaire pour lui extorquer quelques fonds. Néanmoins, il me paraît prématuré de braquer l’humeur de la Gestionnaire.

L’accès à BCDI a été débloqué. J’ai eu la précédente Doc au téléphone (que j’ai gentiment remercier de n’avoir pas laissé la moindre indication quant au fonctionnement et à la vie du CDI) et elle m’a communiqué le mot de passe d’administration. La base est dans le même état que le CDI, à l’abandon ; plus aucun dépouillement depuis juin 2010. De plus, j’ignore où nous en sommes en ce qui concerne l’abonnement aux MémoNotices. Néanmoins, j’ai pu commencer à bulletiner les périodiques arrivés durant les vacances.

Autre info majeure fournie par mon prédécesseur (existe-t-il un féminin pour ce mot ?), les coordonnées de connexion pour accéder à la boîte mail du CDI m’ont été communiquées. Je sais donc que l’établissement à été abonné aux MémoNotices du CRDP de Poitiers mais le dernier mail date de l’été 2010. Il est fort possible que la boîte ait atteint son quota de remplissage et que les autres envois aient été bloqués à l’entrée. Néanmoins, j’ai pu importer la dernière mise à jour.

S’il le faut, je le ferai moi-même (ce qui n’offre aucune garantie esthétique ni de sécurité), mais je tiens à disposer d’un présentoir digne de ce nom pour proposer les nouveautés aux élèves. Il me faut au moins trois plateaux car je pense classer les livres et autres documentaires par cycle : 6ème, 5ème et 4ème, puis 3ème. Néanmoins, je peux également customiser les immondes étagères vides et poussiéreuses qui accueillent les élèves aux CDI.

Les élèves commencent à pointer timidement le bout de leur nez. Je dois avouer qu’ils me manquaient. Néanmoins, les spécimens qui viennent faire leurs adieux à l’assistant d’éducation démissionnaire font grimper le niveau de décibels à un seuil anormalement élevé.

Voilà, il n’y a plus de manuels scolaires au CDI, les reliquats ont tous été remisés dans les armoires millésimées 1972 dans la pièce dite des “archives”. Je vais pouvoir disposer les tables dans le CDI et accueillir les élèves dès demain, un jour en avance sur mon planning. Néanmoins, il reste à connecter les PC, remettre en place le coin lecture et virer les tables de dépannage désormais surperflues, autant dire que j’ouvrirai finalement le CDI lundi.

Entre deux frites et un délicieux moëlleux au pain d’épice, j’ai été sollicité par une enseignante de Lettres qui souhaite travailler le conte avec des élèves de 6ème. J’aurai pour mission de les accueillir au CDI, de leur présenter les livres dont nous disposons (ne pas oublier le plumeau, lundi matin, pour dépoussiérer les ouvrages) et de parvenir, si possible, à faire en sorte qu’ils repartent avec un conte à lire pour le retour des vacances de la Toussaint. Parfait, les affaires reprennent. Néanmoins, il me faudra passer le week-end à lire quelques contes, histoire de me faire une culture dans cette thématique, laquelle m’est encore étrangère, mais le challenge est excitant.

lundi 5 septembre 2011

Où le temps semble s'être arrêté

Semaine 1, jour 1 au CDI du Collège NH.


Allez, je sacrifie à la coutume après avoir hésité : je vais consigner sur ce blog mes exaltations et autres bouillonnements de professeur documentaliste stagiaire. De plus, cela me permettra de consigner numériquement tout ce qui est fait, va être entamé, me cause des migraines, dont je peux me vanter, et ce que je ferais mieux de taire.  Première règle : aucune règle. J'écris quand je veux, ce que je veux. Sans ordre, sans vraie narration. Commençons par le commencement, la rentrée des sixièmes. Pour info, certains sont tellement petits que j'ai failli en écraser deux. 

L’informatique est OK très vite, j’ai un compte utilisateur sur le réseau du collège et prochainement sur l’ENT. Je peux donc glandouiller sur Facebook toute la journée. OK, j'arrête et redeviens sérieux, je suis prof.

Il y a énormément de ménage et de rangement à faire. J’ai trouvé un CDI comme à l’abandon, comme si le temps s’était arrêté, comme s’il y avait eu une évacuation pour cause d’attaque nucléaire : tableau pas effacé, sur les (nombreuses) étagères des livres catalogués d’autres non, certains couverts d'autres non, certains bouffés par les mites d'autres (OK, j'exagère), des manuels scolaires un peu partout, etc. Quand j'ai ouvert les placards des archives, une pièce antipathique au fond du fonds, j'ai eu peur de tomber sur le squelette d'une vieille documentaliste.

Je viens de faire un tour au rayon BD : le temps s’est figé en 1977 ! Les albums sont dans un sale état, et il n’y a que des classiques : Tintin, Asterix, Alix, Lucky Lucke, etc. Miséricorde, c'est pas avec ça que je vais faire venir les petits. Ensuite, à
nouveau un tour d’horizon du fonds documentaire et des fictions : c’est incroyablement vieillot. Je ne vois pas la moindre nouveauté. Je me demande à quand remonte le dernier achat effectué par la précédente doc. Il y a beaucoup à faire pour rénover les rayons.


L’entente est absolument parfaite avec la Vie Scolaire ; tant le CPE que les assistants d'éducation sont aimables, pros, efficaces. Les AED s’occupent de la distribution des manuels scolaires, et ça m'enlève une grosse épine dans le pied. Le fonctionnement quotidien entre le CDI et la salle de permanence est précis. Pourvu que ça dure.

Un courrier impressionnant à trier, rien d’anormal au retour des vacances. Nous sommes abonnés à Ouest France et j’ai compris avec difficulté la politique d’archivage de mon prédécesseur. Après plusieurs allers et retours dans le CDI, j’ai fini par trouver une caisse en bois avec les seuls numéros du mois en cours. J’ai décidé de changer ce mode de fonctionnement : je vais archiver les trois derniers mois ; les deux plus anciens dans la caisse à savon, le mois en cours dans un casier du kiosque, avec les autres périodiques. De plus, le journal y gagnera en visibilité et le numéro du jour sera mis en évidence. Ce qui était loin d'être le cas précédemment puisqu'il fallait pratiquement descendre à la mine pour lire le journal.

La Principale et moi avons envisagé la création d’une revue de presse consacrée au collège : les articles de presse seront photocopiés et publiés dans un classeur / livre d’or accessible depuis le comptoir de la banque. Par ailleurs, et toujours avec Mme la Principale, il a été convenu de créer un “coin prof” au CDI et d’y faire notamment figurer des ressources documentaires ou des livres propres aux adultes : aussi bien presse spécialisée que roman. Parce que non, le CDI n'est pas un lieu réservé aux petits n'enfants, mais un centre de ressources dédié à toute la communauté éducative. Et toc !

Enfin, dernière idée envisagée : la création d’un réseau d’informations culturelles. L’idée consiste en la mise en place d'une plateforme de communication, idéalement numérique ET physique, de bonnes idées, de trouvailles, dans les domaines de la littérature, de la musique, du cinéma. Par la suite, j’aimerais ouvrir ce réseau aux parents pour qu’il y ait une convergence culturelle vers le CDI. Je vous l'accorde, l'idée que l'art rapproche les gens n'est pas neuve et un tantinet utopique. Mais pitié, je débute : laissez-moi un semblant de naïveté.

Même si je m’y attendais, je suis bloqué avec BCDI. Mon prédécesseur ne m’a pas laissé le mot de passe gestionnaire. J’ai une grosse quantité de périodique à cataloguer avant de les mettre en rayon. Je lui ai laissé un message sur son téléphone. Suspense insoutenable.

A vérifier : il y a quelques années, selon Barbara, enseignante de physique-chimie, il y avait un labo photo. Elle va demander à un collègue. Le programme de 3ème se prête à des travaux en chambre noire, me dit-elle... J’attends la réponse du collègue avec une certaine impatience.

Voilà, c’est fait, j’ai pris rendez-vous auprès des profs principaux (PP) de 6ème pour faire visiter le CDI durant leur heure de Vie de classe à leurs ouailles. Je vais prendre les élèves en demi-classe et leur présenter les lieux, mon rôle auprès d’eux, ce qu’on peut faire au CDI, ce que l’on y fait pas, et le fonctionnement avec la Vie scolaire. Du soft pour débuter, pas envie de leur infliger de la recherche documentaire et de la classification Dewey tout de suite.

Allez, bon vent.