vendredi 23 septembre 2011

Où l'on questionne ses besoins de connaissances


Semaine 3 jour 4 au collège NH sur une particule dans l'univers

Je me pose la question de savoir si ce n’est pas complètement ringard de dire aux élèves d’aller d’abord rechercher des informations basiques dans un dictionnaire. L’air affligé de cet élève (charmant, par ailleurs) quand je lui ai appris que très certainement il y trouverait la date de naissance de Diderot, sa date de mort, son prénom tant qu’on y est et pour le même prix ses principales oeuvres, m’a fait douter du bien fondé de cette démarche. Lui, comme par habitude, voire réflexe pavlovien, s’empressait d’allumer un ordinateur pour, j’imagine, entrer mollement l’adresse de Google, puis saisir Diderot dans le moteur de recherche, lequel aurait immanquablement pointé vers Wikipédia ; binôme de recherche documentaire systématique et contre lequel il est dur de lutter. Un peu de réflexion s’impose pour tenter, non de comprendre, en tout cas d’y voir clair.



Ces mômes sont nés avec Internet. Nous, les vieux schnoks, quand Internet (ou un bidule dans le genre) était réservé aux films et romans de science-fiction, notre arme de poing pour lutter contre l’inculture, c’était le Larousse ou le Petit Robert. Mais c’est vieux tout ça. Même moi, je le confesse, pour trouver la définition d’un terme ou vérifier l’orthographe d’un autre, j’utilise un dictionnaire en ligne. Et oui, je l’admets, pour obtenir des infos, j’utilise aussi Wikipédia.


Alors leur dire à eux d’ouvrir un dico, une encyclopédie... Surtout quand cette dernière ressemble à celle de mémé Germaine, pas mal usée, un peu moisie et coincée dans une vieille bibliothèque entre l’intégrale (jamais lue) des Rougon-Macquart éditée par Reader’s Digest et les meilleures ventes 1982-1989 de France Loisirs... C’est un peu vain.


Oui, moi aussi je consulte des supports de connaissance numériques.
Sauf que.
Dans un cas comme dans l’autre, l’outil n’est pas grand chose au regard de la démarche d’acquisition des connaissances. Qu’il s’agisse d’un dictionnaire papier, lourd et intimidant, ou d’une encyclopédie en ligne, sujette à controverses, je m’aperçois, avec mes collégiens, que les préalables à toute recherche n’existent pas. D’accord, je ne parle pas d’une recherche basique, comme la date de naissance de Diderot, qui ne nécessite pas un cheminement cognitif particulièrement poussé (quoique pour certains...). Je parle d’une quête un peu plus épicée comme on en trouve en Sciences de la Vie et de la Terre, par exemple : tectonique des plaques, transmission des messages nerveux, l’information génétique, etc., ou dans la simple recherche des résultats des matchs de la coupe du monde rugby, support actuel de nombreux cours de maths. Dans de tels cas, la lutte à mener se situe en amont, dans l’acquisition d’une démarche cognitive qui, d’abord, questionnerait le besoin de connaissances, puis permettrait la naissance d’une problématique. OK, c’est des gros mots tout ça. En tout cas, la lutte ne se situe pas dans l’outil.
Alors non, je ne trouve pas ça ringard, juste un peu has been.
Légèrement inadéquate.
Et surtout en complet décalage avec la réalité des manques et des faiblesses.